Le chauffage au bois est une solution de chauffage à énergie renouvelable. Il présente un intérêt écologique, car il est considéré comme un mode de chauffage neutre en carbone.
Cependant, il n’en reste pas moins une source importante d’émission de particules fines. Et si en 2015, la loi relative à la transition énergétique dans le cadre de la politique de protection de l’environnement, prévoyait d’en intensifier l’usage (souhaitant atteindre 23 % d’énergies renouvelables en 2020), la loi Climat et Résilience de 2020, elle, prévoit de diminuer de moitié les émissions de particules fines entre 2020 et 2030 sur les territoires les plus pollués.
Est-ce que le chauffage au bois va devenir la bête noire du gouvernement ?
C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Le chauffage au bois domestique : 3 causes de pollution en France
La pollution du chauffage au bois domestique est attribuée à trois causes principales :
- L’obsolescence des appareils ;
- La qualité du combustible ;
- Les pratiques d’utilisation.
En effet, le ministère de la Transition écologique a mis en lumière ces trois causes de pollution du chauffage au bois. Ainsi, afin de limiter l’émission de particules fines issues du chauffage au bois, des solutions ont été proposées par le ministère.
Solution n°1 :
Le ministère recommande d’utiliser un appareil de chauffage au bois récent et bien entretenu afin d’optimiser sa performance. En effet, les appareils obsolètes sont surdimensionnés, utilisent davantage de combustible et leur fonctionnement n’est pas optimal. Les nouvelles chaudières au bois sont conçues pour chauffer mieux, avec moins de bois tout en réduisant au maximum les émissions de particules fines.
Solution n°2 :
Employer un combustible avec un faible taux d’humidité. Cela permet une combustion moins polluante et plus performante d’un point de vue énergétique.
Solution n°3 :
Le ministère recommande d’utiliser un allumage du bois par le haut, d’éviter un fonctionnement du feu au ralenti et de s’assurer que l’apport d’air comburant est bien régulé. Dans les systèmes de chauffage à bûches, comme les cheminées, il n’est pas possible de régler le volume de bois (combustible). Pour diminuer la chaleur, il est alors nécessaire de diminuer l’apport d’air (comburant). Or, cela a pour effet de dégrader l’hygiène de combustion et d’augmenter radicalement la quantité de particules fines dans l’air.
Seuls les systèmes à granulés (poêles ou chaudières à granulés) permettent de réguler la quantité de combustible en même temps que le volume d’air comburant. Ces systèmes sont prévus pour optimiser la chaleur tout en limitant la production d’imbrûlés (dont les particules fines).
Les cheminées à foyer ouvert : dans le viseur des nouvelles règlementations anti-pollution
Dans le viseur des politiques environnementales : les cheminées à foyer ouvert. En effet, bien qu’elles ne représentent que 10 % des systèmes de chauffage au bois en France, elles sont responsables de 21 % des émissions totales du chauffage au bois.
Avec un rendement inférieur à 15 % (quand une chaudière à granulés peut atteindre les 90 %) et un taux d’émission de pollution extrêmement important, les cheminées à foyer ouvert représentent une source de gaspillage énergétique énorme. Cette pollution peut largement être évitée, surtout que la majorité des foyers ouverts sont utilisés comme chauffage d’agrément.
Si pour l’instant, seul le Préfet de la Haute-Savoie a pris un arrêté qui interdit l’usage des cheminées à foyer ouvert à partir du 1er janvier 2022, il est certain que d’autres politiques régionales suivront à l’encontre de l’utilisation des cheminées à foyer ouvert.
Le plan d’action “chauffage au bois domestique performant” du gouvernement
Face à la pollution induite par le chauffage au bois, le gouvernement a mis en place un plan d’action en 5 grands axes.
1. Sensibiliser le grand public
Cela veut dire informer la population de l’impact de la qualité de l’air d’un chauffage au bois avec des appareils obsolètes ou un bois de mauvaise qualité.
Ainsi, la vétusté d’un appareil de chauffage au bois sera désormais indiquée dans le nouveau diagnostic de performance énergétique. Les ramonages sont rendus obligatoires une fois par an et une campagne de communication annuelle et nationale sera menée par le ministère de la Transition écologique avant chaque période de chauffe, au mois octobre.
2. Accélérer le changement des appareils de chauffage au bois chez les particuliers
En ligne de mire : 600 000 appareils doivent être remplacés d’ici à 2025. Cela passera par des aides à la rénovation énergétique des logements (MaPrimeRenov) et par les Fonds Air Bois mis à disposition par les collectivités territoriales et l’Ademe. Ces aides financières pourront atteindre jusqu’à 90% du coût d’un nouveau système de chauffage pour les ménages les plus modestes.
3. Améliorer la performance des nouveaux équipements de chauffage au bois
Pour cela, le label flamme verte va évoluer. Il passera au-dessus du seuil « 7 étoiles » afin de permettre la définition et la prise en compte de niveaux de performance plus protecteurs pour la qualité de l’air.
4. Promouvoir l’utilisation d’un combustible de qualité
La qualité du bois (faible taux d’humidité) et son origine (issu de forêts gérées durablement) seront attestées par un nouveau label. Par ailleurs, le ministère de la Transition écologique déterminera un seuil maximal d’humidité auxquels devra répondre le bois de chauffage mis à la vente afin de réduire les émissions de particules lors de sa combustion.
5. Encadrer l’utilisation du chauffage au bois dans les zones les plus polluées.
Ainsi, des mesures adaptées aux territoires seront prises pour réduire les émissions de particules fines (PM2,5). La loi Climat & Résilience prévoit désormais que les préfets prennent les mesures locales nécessaires avant le 1er janvier 2023 pour atteindre une réduction de 50% des émissions de particules fines du chauffage résidentiel biomasse entre 2020 et 2030 dans les zones couvertes par un plan de protection de l’atmosphère (PPA).
Chauffage au bois : quels gestes pour moins polluer ?
L’Ineris (L’Institut national de l’environnement industriel et des risques) s’intéresse depuis près de 10 ans aux émissions issues du chauffage au bois. Ses experts nous apprennent que 80 % des émissions polluantes sont produites dans les 10-15 premières minutes qui suivent l’allumage, ainsi qu’au moment de recharger le foyer. Après des études réalisées, l’Ineris donne les bons gestes à adopter pour optimiser son chauffage au bois tout en réduisant son impact environnemental.
- Utiliser les bonnes espèces d’arbres : le chêne, le sapin et les espèces résineuses sont plus polluantes que le charme et le hêtre, par exemple.
- Brûler du bois sec. En effet, brûler du bois encore humide (à plus de 25 %) augmente les émissions de 70 % et diminue par ailleurs le rendement en chaleur. Le bois est sec quand il est resté à l’abri 18 à 24 mois.
- Adapter la charge au confort thermique. Préférez ainsi réduire la charge en bois plutôt que de réduire l’allure du feu. En effet, une allure réduite de l’appareil (sans flamme) augmente de 110 % l’émission de particules fines !
- Ramoner sa cheminée et son appareil de chauffage au bois une à deux fois par an.
- Enfin, l’allumage est très important : l’allumage par le haut (grosses bûches en bas, petit bois en haut) permet de diminuer de 30 à 50 % les émissions.